Si l’âme n’est pas matérielle, comment peut-elle se réunir au corps ?

Détails de la question



1)

C’est une question que Descartes posait dans ses cours de philosophie.

La question est la suivante :

Comment l’esprit, qui n’appartient pas au monde matériel, et le corps, qui lui appartient, peuvent-ils se réunir ou entretenir une relation ?



2)

Une autre question : le processus de pensée ou l’intellect, comme nous l’appelons, est-il une caractéristique de l’âme ? Si oui, pourriez-vous citer un philosophe musulman qui a exprimé ce point de vue ?

Réponse

Cher frère,


1)

Premièrement, la nature de l’âme est inconnue, il est donc impossible d’expliquer sa relation avec le corps. L’âme est une entité réelle, dotée de conscience, et obéit à une loi provenant du monde des commandements.

Certaines personnes ont interrogé le Prophète (que Dieu le bénisse et le salue) sur l’âme. Il n’a pas répondu, attendant la révélation. Le verset qui est descendu était très clair :


« Si on te demande à propos de l’Esprit, dis : L’Esprit est une chose qui dépend de mon Seigneur, et vous n’avez reçu qu’une infime partie de la connaissance. »


(Al-Isra, 17/85)

Le verset confirme l’existence de l’âme, mais ne précise pas sa nature. En effet, il était impossible pour les destinataires de comprendre ce qui était dit. La raison,

« du monde des commandements »

Il n’était pas capable de comprendre une entité telle qu’elle était. Pourtant, l’homme n’avait reçu qu’une infime partie de la connaissance.


– « Le monde des commandements »

C’est un monde d’êtres indépendants de la mesure, du poids, de la forme et de la couleur. Les mots comme long, court, bleu, jaune, rond, plat, lourd, léger, qui sont utilisés pour décrire les objets matériels, n’ont pas d’équivalent dans ce royaume. L’esprit humain, prisonnier des mesures, ne peut comprendre ce qui est immesurable. Cependant, il sait, par la logique, que chaque œuvre témoigne d’un artisan. Ainsi, à partir de cette merveilleuse œuvre qu’est l’univers, il reconnaît le créateur. De même, il admet qu’il ne peut y avoir d’action sans sujet. De cette manière, il confirme l’existence d’un être, c’est-à-dire d’une âme, qui gouverne le corps d’une manière merveilleuse, mais qui est invisible à l’œil nu. C’est d’ailleurs ce qu’on attend de lui.

– L’esprit et le corps doivent être considérés séparément. Si le terme est jugé approprié,

Si l’âme est l’électricité, le corps est l’ampoule.

C’est Allah qui les a créés tous deux, qui les gouverne et qui assure leur pérennité.

– L’âme peut être définie ainsi : l’âme est un être vivant, conscient, doté d’un corps lumineux et immatériel, possédant de nombreuses caractéristiques et fonctions, un être réel, un ordre divin/une loi de Dieu provenant du monde des commandements, apte à l’éternité.


« Il est établi par une intuition très sûre, voire par l’observation, que le corps est constitué de l’âme. »

Par conséquent, l’âme n’est pas dépendante du corps. Peut-être que l’âme, étant autonome et souveraine, peut supporter la dissolution et la recomposition du corps sans que son indépendance soit compromise. Peut-être que le corps est la demeure et le foyer de l’âme, non son vêtement. Peut-être que l’âme possède un vêtement, une enveloppe subtile et délicate, un corps idéal, adapté à sa nature. Ainsi, au moment de la mort, elle ne serait pas entièrement nue, mais quitterait sa demeure pour revêtir son corps idéal.

(voir Bediüzzaman Said Nursi, Sözler, p. 517)

– Bediüzzaman Hazretleri, ailleurs, à propos de ce vêtement de l’âme :

« Il confère à cette essence une délicate fluidité. »

il l’indique par l’expression.

Le Coran souligne que l’âme est une entité distincte. Nous pouvons le constater dans les versets suivants :


« Quand ton Seigneur dit aux anges : « Je vais créer un être humain à partir d’argile sèche, d’une boue façonnée. Lorsque je lui aurai donné une forme et que j’y aurai insufflé de mon esprit, prostrez-vous devant lui. »


(Al-Hijr, 15/28, 29)


2)

Il convient tout d’abord de préciser que les philosophes ont conféré à la raison une image très différente. Selon eux,

les dix intelligences (les dix esprits)

existent. Ces esprits

-du plus haut des cieux au plus bas des cieux-

fonctionne selon un système hiérarchique précis.

(Ghazali, Tahafut al-Falasifa, 1/45)

– L’âme peut être définie comme suit :

L’âme,

Il s’agit d’une loi divine, d’un ordre émané du monde des commandements, possédant une existence réelle, dotée de nombreuses caractéristiques et fonctions, possédant un corps lumineux, non physique, vivant et conscient, et apte à l’éternité. Bediüzzaman Hazretleri exprime cette vérité avec un langage poétique.

LEMAAT

Il écrit dans son ouvrage :

« L’âme est une lumière »

c’est la loi

, portant un vêtement extérieur

c’est une question d’honneur

; il a mis la conscience sur sa tête. Cet esprit existant, ces deux frères, ces deux compagnons, sont devenus la loi rationnelle. »

« Comme les lois naturelles fixes et éternelles, l’âme provient à la fois du monde de l’ordre et de la volonté. Le pouvoir lui donne un corps sensible, lui place la conscience sur la tête, et lui confère une délicieuse fluidité.

« Si les lois d’Enva étaient respectées »

(aux lois régissant l’univers)

Si le pouvoir du Créateur revêt un corps extérieur, chacun devient un esprit. Si le corps quitte l’esprit, si la conscience s’efface, alors la loi de l’immortalité s’applique à nouveau.

(Les mots, p. 702)

-En résumé : l’âme est une loi-ordre, comme les lois régissant l’univers. Elle fonctionne selon les ordres et la volonté de Dieu. La différence est que les lois de l’univers n’ont pas d’existence extérieure, d’intelligence ni de conscience. L’âme, bien que étant une loi-ordre comme celles-ci, possède un corps extérieur et est dotée de conscience et d’intelligence. De plus, l’âme possède un vêtement « seyale-i latife » (sous forme de gaz fluides). Ce vêtement lui est donné afin de permettre l’harmonie entre l’âme et le corps physique, leur coexistence au même endroit.

– Aucune œuvre ne peut connaître sa propre essence. Par exemple, un moteur ignore qu’il est un moteur. Celui qui l’utilise sait ce qu’il est et à quoi il sert. De même, l’œil, une fabrique de vision, ignore ce qu’il est. C’est l’âme, le maître, qui l’utilise et qui observe ce monde à travers sa fenêtre. L’oreille ignore aussi qu’elle est un organe d’audition. C’est aussi l’âme qui l’utilise et qui profite des sons de ce monde. Vous pouvez comparer les autres organes de la même manière. De même, c’est l’âme qui perçoit par l’intellect et qui ressent des émotions positives ou négatives par le cœur.

(Pour trouver des indices à ce sujet, il est utile de consulter des œuvres telles que la vingt-troisième Lem’a et la vingt-neuvième Söz.)

– Les propos suivants de Bediüzzaman soulignent également que la raison est une caractéristique de l’âme :


« Les quatre éléments de la conscience et les quatre sens de l’âme sont »

volonté, esprit (raison, pensée), sentiment, grâce divine.

Chacun a un but suprême : la volonté est le culte d’Allah, l’esprit (l’intellect, la pensée) est la connaissance d’Allah, le sentiment est l’amour d’Allah, et la nature subtile est la contemplation d’Allah. La piété, qui est le culte parfait, englobe ces quatre aspects. La loi religieuse les développe, les éduque et les conduit vers ce but suprême.


(Hutbe-i Şamiye, p. 136)


Note :

Pour des explications des sujets abordés dans la question dans le domaine de la philosophie, voir Ömer Türker, Le problème de la possibilité de la connaissance métaphysique dans la philosophie d’Ibn Sina.


Cliquez ici pour plus d’informations :


– Qu’est-ce que l’âme, sa nature est-elle compréhensible ? L’âme est-elle constituée du cerveau ?


– Quel est le lien entre l’esprit et le corps ?


Avec mes salutations et mes prières…

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