– Est-il vrai qu’il a transpiré et que la transpiration coulais abondamment sur ses tempes pendant que la révélation lui était transmise, un jour où le froid était très intense ?
– Que pensez-vous de l’affirmation selon laquelle cela ressemble à l’épilepsie ?
Cher frère,
Il est difficile pour un être humain, dans sa condition humaine, d’être l’objet de la parole de Dieu. De même, il n’est pas facile de rencontrer des anges avec ces mêmes attributs humains. Une telle communication n’est possible que si l’on se détache de la condition humaine et que l’on entre dans le monde des anges. C’est ainsi que le fait que le Prophète (que Dieu le bénisse et le salue) se soit détaché de ces attributs humains et soit devenu capable de recevoir la révélation a entraîné certains changements chez lui.
L’écoute de la parole d’Allah lui inspirait une certaine excitation et une certaine peur, si bien qu’il a été témoigné qu’il traversait parfois des moments difficiles pendant la révélation. Pendant la révélation, le corps du Prophète (s.a.w.) tremblait, son visage changeait de couleur. Même les jours les plus froids, son front transpirait et il émettait un son semblable à un ronflement en respirant. Même ceux qui étaient présents auprès du Prophète (s.a.w.) étaient affectés par la révélation. À ce sujet, les récits suivants sont rapportés :
Aïcha, que Dieu soit satisfait d’elle,
(1) a déclaré.
Ya’la ibn Umayya, intrigué par cette question, s’approcha du Prophète (que Dieu le bénisse et lui accorde sa paix) un jour, pendant la révélation, sur le signe d’Othman (que Dieu soit satisfait de lui), et il introduisit sa tête sous le voile qui recouvrait le Prophète (que Dieu le bénisse et lui accorde sa paix), et il le vit respirer comme le souffle d’une personne qui dort, son visage rouge. (2)
La révélation de la sourate Al-Maïda avait commencé alors que le Prophète (s.a.v.) était sur son chameau. Incapable de supporter le poids spirituel de l’événement, le chameau s’était effondré, forçant le Prophète (s.a.v.) à descendre. (3)
Zayd ibn Sâbit a dit :
«Un jour, j’étais auprès du Prophète (que la paix soit sur lui). À cause de la foule, (nous étions assis accroupis), le genou du Prophète (que la paix soit sur lui) était sur mon genou. Soudain, il fut saisi par la révélation, et je ressentis un poids tel qu’il aurait pu me casser le tibia. Par Allah, si le Messager d’Allah (que la paix soit sur lui) n’avait pas été à mes côtés, j’aurais crié de douleur et m’en serais tiré la jambe.» (4)
Le Prophète (que la paix soit sur lui) et ceux qui étaient à ses côtés baissaient la tête. Une fois la révélation terminée, le Prophète (que la paix soit sur lui) relevait la tête et transmettait la révélation reçue à sa communauté. (5)
Selon un récit rapporté par le calife Omar (que Dieu soit satisfait de lui), ceux qui se trouvaient auprès du Prophète (que la paix soit sur lui) pendant la révélation entendaient parfois un son semblable au bourdonnement d’une abeille (6).
Les Quraychites, voyant ces différents états chez le Prophète (que Dieu le bénisse et le salue), l’ont parfois qualifié de devin (7), parfois de magicien, parfois de poète et de fou (8). De nombreux orientalistes européens ont considéré ces états comme une forme d’épilepsie. Toutes ces affirmations découlent d’une incapacité à comprendre son aspect spirituel. Nous pouvons réfuter cette affirmation de la manière suivante :
L’épileptique ressent après une crise une douleur intense et une fatigue extrême dans tous ses membres. Il est affligé par son état, et certains, à cause de ces souffrances lors de leurs crises, envisagent même le suicide. Si la condition qui survient au Prophète (s.a.v.) pendant la révélation était due à l’épilepsie, il aurait été affligé par cela et aurait été heureux de son passage. Mais la situation est tout le contraire. En effet, pendant la période de cessation de la révélation, il a cherché avec ardeur l’ange de la révélation.
Il ne provoquait pas toujours des changements tels que la perte de connaissance ou le ronflement. Parfois, l’ange venait sous les traits d’un homme. Le Messager d’Allah (s.a.w.) continuait son état normal, même s’il savait que c’était Gabriel.
Il est médicalement établi que, pendant une crise d’épilepsie, le malade perd complètement la capacité de comprendre et de penser, il n’est pas conscient de ce qui se passe autour de lui, il ne sait pas ce qui lui arrive, sa conscience est suspendue. Or, le Prophète Muhammad, paix et bénédictions soient sur lui, a transmis aux gens, après la révélation, les versets du Coran qui contiennent les plus parfaits enseignements sur le droit, la morale, le culte, l’expression littéraire et les conseils. Un discours qui rend impossible à tous les hommes de produire un équivalent, peut-il être l’œuvre d’un épileptique ?
Un épileptique délire pendant ses crises. Il n’en est absolument rien de tel pour le Prophète (que la paix soit sur lui). Le Coran, qu’il a transmis après avoir reçu la révélation, est entre nos mains ; la perfection de ses énoncés est manifeste, un fait reconnu par ses amis comme par ses ennemis.
Des centaines de milliers de personnes ont traversé ce monde, mais parmi elles, on n’a jamais rencontré une personnalité qui ait apporté une religion aussi juste, qui ait prononcé des paroles et énoncé des principes aussi raisonnables, qui ait été un exemple de modération. (9)
En conclusion, on peut dire qu’il est bien sûr très difficile pour un être humain, avec ses caractéristiques normales, d’être le destinataire de la parole de Dieu. Le Prophète (s.a.v.) subissait parfois des changements lorsqu’il recevait la révélation. Cependant, comparer ces changements à l’épilepsie est une grave erreur.
1. Al-Bukhari, Bed’ü’l-Vahy, 1.
2. Al-Bukhari, Fadâil al-Qur’an, 2 ; Muslim, Al-Hajj, 1.
3. Ahmed Ibn Hanbal, al-Musnad, II, 176.
4. Abou Dawoud, Jihad, 20 ; Ahmed ibn Hanbal, ibid., V, 190, 191.
5. Muslim, Fadâil al-Qur’ân, 23.
6. Tirmidhi, Tafsir al-Qur’an, 24 ; Ahmad ibn Hanbal, ibid., I, 34.
7. Al-Haqqah, 69/41-43.
8. Saffât, 37/36.
9. Hamidullah, Muhammed, Bibliographie de l’histoire du Coran et des interprétations coraniques en turc, (trad. M. Sait Mutlu), Istanbul 1965, p. 12.
(Prof. Dr. Mehmet SOYSALDI)
Avec mes salutations et mes prières…
L’Islam à travers les questions