Cher frère,
Dans son Sahih, il critique certaines personnes sans les nommer. Il faut considérer ces critiques comme un reflet des débats qui existaient à cette époque entre les spécialistes de la tradition (Hadith) et les partisans de la raison (Ahl al-Ray). Bien que ce soit une opinion courante, certains savants affirment que Boukhari utilisait ce terme pour désigner toute l’école de la raison et l’Imam Muhammad.
Ce n’est pas un comportement qui dénigre ni le critique, ni celui qui est critiqué. Al-Bukhari a critiqué les opinions qu’il considérait comme contraires aux hadiths authentiques.
En effet, Abou Hanifa a vécu entre 80 et 150. Cela signifie que Al-Bukhari est né 44 ans après la mort d’Abou Hanifa. Malgré cela, un désaccord existe entre eux, et c’est un fait. De nombreux auteurs ont abordé ce sujet, et en particulier les hanafites, qui se sont penchés sur la question et ont écrit des ouvrages spécifiques pour défendre l’Imam Azam. L’ouvrage *Keşfu’l-iltibas Ammâ Evredehu’l-Buhârî alâ Bâzı’n-Nâs* d’Abdelgani el-Meydânî ed-Dımeşkî, auteur de *El-Lübâb*, en est un exemple.
Les biographies soulignent généralement le rôle de Nuaym ibn Hammad al-Marwazi dans la position hostile de Boukhari envers Abou Hanifa. Cependant, à notre avis, prétendre qu’un érudit tel que Boukhari s’est opposé à Abou Hanifa en se fiant aux paroles de Nuaym ibn Hammad est une affirmation peu élégante.
Plusieurs explications ont été avancées concernant les critiques de Boukhari envers Abou Hanifa. Selon l’une d’elles, à son retour à Boukhara après ses voyages d’études, Boukhari fut envieux par certains savants hanafites de la ville. Ils utilisèrent une fatwa erronée comme prétexte pour le faire chasser de Boukhara. Abou Hafs as-Saghir al-Boukhari, un ancien compagnon d’études de Boukhari, aurait joué un rôle majeur dans cette affaire. Abou Hafs as-Saghir était un cheikh hanafite à Maveraünnehir. Il est dit que Boukhari, blessé par le mauvais traitement qu’il avait subi, aurait été emporté par ses émotions humaines et se serait retourné contre les hanafites.
Selon une autre interprétation, Boukhari était également un jurisconsulte et a émis des avis contraires à ceux d’Abou Hanifa sur divers sujets. C’est ainsi qu’une différence d’interprétation entre eux a pu se produire. Ce phénomène n’était pas limité à Boukhari et Abou Hanifa, mais s’est également produit entre d’autres imams.
Pour comprendre la validité de ce commentaire, il est utile de noter ce qu’il dit :
En résumé, en tant que muhaddith (traditionniste), l’Imam Boukhari a critiqué l’Imam Azam Abou Hanifa, un représentant de l’ahl-al-ray (école de la raison), sur certains points. Le fait que Boukhari, qui était non seulement un muhaddith inégalé mais aussi un faqih (juriste) et un mujtahid (juriste capable de formuler des fatwas), ait considéré son propre ijtihad (interprétation juridique) comme plus juste que celui de l’Imam Azam, peut être considéré comme une évaluation normale. La même chose s’applique aux autres imams. Un mujtahid peut ne pas être d’accord avec l’opinion d’un autre mujtahid.
Selon nous, nous devons rassembler et exploiter au mieux les belles richesses de savoir que chacun de ces éminents savants nous a léguées.
Avec mes salutations et mes prières…
L’Islam à travers les questions
