– J’ai entendu dire qu’Abou Talib pratiquait la taqiyya et cachait sa foi, et cela m’a amené à me poser cette question que je voulais vous poser.
– Notre religion, l’islam, autorise la dissimulation (takiyya) en cas de nécessité. Dans ce cas, il apparaît qu’Abou Talib était un musulman croyant ?
– Le hadith selon lequel le châtiment le plus léger en enfer sera infligé à Abou Talib, rapporté par Mouslim, est-il authentique ?
– D’un autre côté, j’ai lu sur un site islamique que cet hadith était abrogé par un autre hadith selon lequel Abou Talib aurait été ressuscité et aurait ensuite embrassé l’islam. Lequel est correct ?
– Si elle a pratiqué la taqiyya, ne suffisait-il pas qu’elle dise qu’elle croyait au Prophète ?
– Il aurait pu dire à notre Prophète qu’il ne devait le dire à personne, pourquoi ne l’a-t-il pas fait, je ne comprends pas ? Il aurait même pu, seul, sans que personne ne le sache, y compris notre Prophète, prononcer la profession de foi et devenir musulman ?
– D’un autre côté, il existe des documents attestant que Abou Talib était musulman. Ses poèmes, le document de Quraysh, etc. Pourriez-vous me donner des informations détaillées à ce sujet ?
Cher frère,
Il est rapporté que le verset 113 de la sourate At-Tawbah a été révélé concernant la foi d’Abou Talib. Selon les récits de nombreux narrateurs, notamment l’Imam Boukhari, et les interprétations, l’incident s’est déroulé comme suit :
Mussayyab ibn Hazn rapporte : Le Messager d’Allah (s.a.w.) vint auprès d’Abou Tâlib alors que les signes de la mort commençaient à apparaître. Il le trouva auprès de son oncle, avec Abou Djahl ibn Hichâm et Abdallah ibn Abi Omayya. Le Messager d’Allah (s.a.w.) dit à Abou Tâlib :
« Ô mon oncle ! »
‘Il n’y a pas d’autre dieu qu’Allah’
afin que je puisse témoigner et intercéder pour toi auprès d’Allah. Prononce ce mot béni.
a ordonné.
Abou Djahil et Abdallah ibn Abi Omayya :
« Ô Abou Talib ! Vas-tu te détourner de la tribu d’Abdelmuttalib ? »
Ils l’ont dissuadé de le faire.
Le Messager d’Allah (que la paix soit sur lui) continuait à présenter la parole de l’Unicité à son oncle. Tous deux répétaient ces paroles sans cesse. Finalement, Abou Talib leur adressa ces derniers mots :
« Il, c’est-à-dire moi, suis de la tribu d’Abd al-Muttalib. »
dit-il, hésitant à prononcer la formule « Il n’y a de dieu que Dieu ».
Le Messager d’Allah (que la paix soit sur lui) :
« Sache bien, mon oncle ! Je te jure que je demanderai à Dieu le pardon et la miséricorde pour toi, à moins qu’on ne m’en soit expressément défendu. »
a déclaré.
Alors, Dieu Tout-Puissant a révélé le verset suivant :
« Il n’est pas convenable ni pour le Prophète, ni pour les croyants de demander le pardon d’Allah pour les polythéistes, même s’ils sont leurs proches, une fois qu’il est établi qu’ils sont destinés à l’Enfer. »
(1)
De plus, selon le Tafsir al-Qurtubi et d’autres interprétations, ainsi que les livres de hadiths authentiques, le verset 56 de la sourate Al-Qasas a été révélé concernant la foi d’Abou Talib. Voici la traduction du verset :
« Tu ne peux guider celui que tu aimes. Seul Allah guide celui qu’Il veut. Et Il est le meilleur connaisseur de ceux qui sont sur la voie droite. »
(2)
Pour clarifier ce point, examinons le sens de certains hadiths rapportés dans le Sahih de Muslim :
Abbas, l’oncle du Prophète (que la paix soit sur lui), demande :
« Ô Messager d’Allah ! Abu Talib vous protégeait et vous aidait vraiment. Est-ce que cela lui a apporté quelque bien ? »
Le Messager d’Allah (que la paix soit sur lui) a dit :
« Oui, il m’a donné. Je l’ai trouvé dans les vagues profondes de l’enfer et je l’ai ramené à la surface. »
(3)
À ce sujet, un autre hadith est rapporté par Abou Saîd al-Khudri : L’on parla de son oncle Abou Talib en présence du Messager d’Allah. Le Messager d’Allah (s.a.w.) dit à son sujet :
« Espérons que mon intercession lui soit utile au Jour du Jugement, et qu’il soit placé dans un endroit étroit de l’enfer. Il sera atteint jusqu’aux chevilles, et son cerveau bouillira. »
(4)
« Le plus léger des châtiments en enfer sera celui d’Abou Talib. Il portera deux sandales, et son cerveau bouillira à l’intérieur. »
(5)
À ce sujet, il existe différentes interprétations, tant de la part des érudits en exégèse et en hadiths, que des érudits en jurisprudence et en théologie, ainsi que des érudits qui ne font pas partie de l’école Ahl-i Sunnat.
La plupart des érudits de l’école Ahl-i Sunnat, qui citent comme preuve le hadith rapporté dans les recueils de hadiths authentiques, selon lequel le Prophète (que Dieu le bénisse et le salue) a présenté la profession de foi à Abou Talib, mais que ce dernier ne l’a pas prononcée au moment de sa mort.
que Abou Talib est mort sans avoir embrassé l’islam.
ils disent. L’Imam Azam Abu Hanifa, citant le même hadith,
« Abou Talib, l’oncle du Prophète (que Dieu le bénisse et le salue) et le père d’Ali, est mort en infidèle. »
der. (6)
Dans le hadith que nous avons rapporté ci-dessus de Sahih-i Muslim, le Prophète (que la paix soit sur lui) déclarait qu’il avait placé Abou Talib dans un endroit peu profond de l’enfer. Les spécialistes du hadith,
« Ce travail a été accompli par notre Prophète soit lors de sa nuit d’ascension céleste, lorsqu’il visitait l’enfer, soit il le fera le jour du Jugement dernier. »
ont-ils dit.
Certains savants qui affirment qu’Abou Talib est mort croyant, citent comme preuve un hadith rapporté par Ibn Ishaq d’après Ibn Abbas. Selon ce hadith, alors qu’Abou Talib était sur son lit de mort, le Prophète (s.a.v.) lui avait tant recommandé de prononcer la Shahada, mais Abou Talib avait répondu : « Les Quraychites,
‘Abou Talib a dit ces mots par peur de la mort.’
Je ne le dis pas pour qu’ils ne le disent pas eux-mêmes », dit-il. Mais un peu plus tard, lorsque Hazrat Abbas approcha son oreille des lèvres d’Abu Talib, il le vit bouger et se tourna vers le Messager d’Allah,
« Ô fils de mon frère, mon frère a dit les mots que tu lui avais demandé de dire. »
dit. Mais le Messager d’Allah,
« Je n’ai rien entendu. »
a ordonné.
Cependant, les spécialistes de la tradition prophétique réfutaient ce récit, tant en raison de la faiblesse de sa chaîne de transmission que de sa contradiction avec les hadiths authentiques.
à la fois ce hadith et le fait qu’Abou Talib aida et protégea le Prophète (que Dieu soit avec lui) pendant des années, et qui ne considère comme authentiques que les hadiths provenant de la famille du Prophète.
Les érudits chiites affirment qu’Abou Talib, le père d’Ali, est mort en croyant.
ils disent. (7)
En attendant,
« Quelle est la position la plus juste concernant la foi d’Abou Talib, l’oncle du Prophète ? »
à la question, Bediüzzaman Said Nursi,
« Les chiites considèrent qu’il est croyant (au moment de sa mort), mais la majorité des sunnites ne le considèrent pas comme tel. »
Il répond ainsi et, tenant compte des récits concernant la foi d’Abou Talib et son statut dans l’au-delà, il apporte l’explication suivante :
« Mais voici ce qui m’est venu au cœur :
Abou Talib n’a pas été le messager de la révélation de l’Envoyé d’Allah, que la paix et les bénédictions d’Allah soient sur lui,
Il s’aimait lui-même, sa personne, son être, très sérieusement.
Cette sollicitude et cet amour si sincères et personnels ne seront certainement pas perdus. Oui, Abu Talib, qui a sérieusement aimé, protégé et soutenu le Messager d’Allah, ne sera pas récompensé par le déni et l’obstination, mais peut-être…
Le fait de ne pas professer une foi acceptable, en raison de sentiments tels que le voile et le nationalisme.
même si cela devait le mener en enfer
Il peut créer, en récompense de ses bonnes actions, une sorte de paradis privé au sein même de l’enfer.
Comme il a fait venir le printemps en hiver à certains endroits et transformé la prison en palais pour certains hommes grâce au sommeil, il peut transformer un enfer particulier en un paradis particulier.” (8)
Quant à la résurrection d’Abou Talib après sa mort et à sa conversion à l’islam après que le Prophète (s.a.w.) lui eut inculqué la foi, il existe plusieurs récits à ce sujet. Par exemple, dans le Tafsir d’Ibn Kathir, al-Qurtubi dit :
« Il n’est ni impossible sur le plan rationnel ni sur le plan religieux que les parents du Prophète soient ressuscités et que le Prophète leur fasse comprendre la foi. J’ai même entendu dire que Dieu avait ressuscité l’oncle du Prophète, Abou Talib, et qu’il avait alors embrassé la foi. »
(9)
Cependant, nous tenons à préciser que se fonder sur un ou deux récits pour conclure que Abou Talib a cru après sa résurrection, tout en ignorant les sources authentiques que nous avons essayé de présenter partiellement à ce sujet, constituerait une évaluation incomplète de la question.
Cliquez ici pour plus d’informations :
– L’Imam Suyuti a-t-il écrit un livre sur la croyance d’Abou Talib ?
– Pourquoi Abou Talib n’a-t-il pas embrassé l’islam comme Hamza ? Comment faut-il comprendre la phrase « La guidance vient d’Allah » ?
– Quelles sont les opinions concernant la foi d’Abou Talib, l’oncle du Prophète (s.a.v.) ? A-t-il pu mourir avec une foi acceptable ?
– Pourriez-vous me citer le poème qu’Abou Talib a écrit sur le Prophète Muhammad ?
Sources :
1. Sourate 9, 113 ; Pour le hadith : Boukhari, Menâqib-i Ensar : 40 ; Tafsir-i Sourate 9 ; Neşet, Cenâiz : 2 ; Musnad, 5 :438 ; Tafsir-i Ibn Kathir, 2 :393 ; Tafsir-i Kurtubi, 8 :272.
Pour l’exégèse du verset 2, voir al-Bukhari, Tafsir-i Sûre 28 ; Tafsir-i Kurtubî, 13:299.
3. Muslim, La foi : 358.
4. Muslim, Iman : 360.
5. Muslim, Al-Iman: 363.
6. el-Fıkhü’1-Ekber, p. 108
7. Âlıısî, Rûhü’l-Meânî, 11:33.
8. Lettres, p. 362.
9. Tafsir Ibn Kathir, 2:374.
Avec mes salutations et mes prières…
L’Islam à travers les questions